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On poursuit aujourd'hui la découverte des artisanes/ créatrices qui font notre ville et la richesse de notre région! On part à la rencontre de Mathilde Bonbon, artiste-artisane marseillaise d'adoption. Je vous invite à découvrir son univers . Bonne lecture.
Peux-tu partager avec nous l'histoire qui se cache derrière la naissance de ton métier d'artisane ?
Je me définirais plus comme une artiste-artisane. J’ai été formée aux Beaux-Arts et aux Arts Appliqués, j’ai donc eu en moi très tôt ces passions complémentaires. Je ne peux pas dissocier ma passion de créer et la notion d’art appliqué à la conception et la fabrication d’un objet ou un produit. C’est ce que je concrétise avec Quartalo, l’entreprise que j’ai créée il y a un peu moins d’un an, qui commercialise mes plans de ville semi-abstraits sous forme d’affiches et de cartes de correspondance.
Peux-tu partager une anecdote inspirante ou un moment clé qui a profondément influencé ton approche créative ou ton parcours en général ?
Je n’ai pu identifier le moment où l’idée de créer des plans est née que quelques mois après un voyage. C’était un road trip aux États-Unis en longeant le Mississippi du nord au sud. De nombreuses escales ont jalonné le parcours. À chaque étape j’ai traversé à pied et sans GPS (je l'éteignais à cause du coût des données mobiles !) des villes aux rues vides, comme désertées par les piétons. J’ai ressenti au cours de ces balades une grande liberté à déambuler pendant ces promenades de bitume. Sans carte, sans plan touristique, je concevais déjà sans l’imaginer, cet urbanisme poétique que je me suis mise à illustrer quelques semaines plus tard à mon retour.
Quels éléments ou valeurs caractérisent le plus ton travail en tant qu'artisane, et comment ceux-ci se reflètent-ils dans tes créations et dans Quartalo ?
La recherche d’absolu et de réconciliation est permanente et j’essaie d’intégrer une forme poétique à tout ce que je fais ou peins. Dans mon travail et mes recherches, ça implique honnêteté, patience et persévérance. Le point commun à chacun de mes plans est un cercle céleste, symbolisant la force des liens émotionnels qui nous attachent non seulement à un territoire mais aussi à ses habitants. Je rêve d’un monde apaisé …
Comment intègres-tu la dimension écoresponsable dans ton travail, que ce soit dans le choix des matériaux, les méthodes de fabrication, ou d'autres aspects de ton processus créatif ?
Quand j'ai créé Quartalo, il était évident pour moi que je m’inscrirais dans une démarche éco-responsable. Je suis très vigilante sur les matériaux que j’achète pour la production. Cela va du papier que je choisis pour l’impression jusqu’aux emballages (pochettes de protection, cartons, enveloppes…) et au pays de fabrication. Je scrute tout ce qui n’est pas certifié FSC. Croyez-moi, il n’est pas aussi simple qu’on pourrait l’imaginer de trouver des matériaux qui soient respectueux ! Je choisis des fournisseurs français et j’ai même poussé ma propre exigence jusqu’à héberger mon site et mon e-boutique chez un hébergeur français. Ça m’a demandé un travail de dingue car je n’avais jamais créé de site web, ce n’est pas mon métier, mais je me suis accrochée et j’ai réussi ! Au quotidien, je ne jette pas de papier, chaque morceau est réutilisé, que ce soit pour de la prise de notes, ou pour imprimer des épreuves d’essai. Enfin, je suis dans une production raisonnée et locale.
Tout cet ensemble de mesures me permet de dessiner mes plans avec des notions cohérentes d’environnement et de territoire.
Comment sensibilises-tu tes clients à l'importance de l'écoresponsabilité dans le design intérieur, et quelles réactions as-tu observées de leur part ?
Bien que de nombreuses entreprises ou illustrateurs le proposent à leurs potentiels clients, j’ai fait le choix de ne pas vendre d’affiches encadrées. J’accorde le plus grand soin à mes articles et je veille à une production responsable, ce qui inclut une réduction des transports pour diminuer l’empreinte carbone. De plus, l'expédition en toute sécurité d’un cadre nécessite un conditionnement important. Je trouve plus intéressant de conseiller aux gens de s’adresser à un encadreur près de chez eux ou de faire leur choix dans une boutique de loisirs créatifs. Vive l’économie locale !
En quoi consiste le processus créatif type pour toi, de l'idée initiale à la réalisation finale d'une pièce ou d'un projet ?
J’ai en général une idée assez précise de ce que je veux. Entre la naissance de l’idée et la finalisation, il y a la recherche sur différents sites de navigation ou du cadastre, et même si je ne suis pas cartographe il est important que j’aie une idée du tracé réel de la zone que je vais dessiner. Je commence à dessiner à la mine de plomb, puis à l’encre de chine et enfin vient la mise en couleur à l’aquarelle. C’est l’étape la plus risquée, car il n'y a pas de retour en arrière possible si je fais une erreur (une tâche ou un pinceau trop chargé par exemple) : il me faudrait tout recommencer à zéro et j’aurai perdu de longues heures car c’est un processus très long.
Pour la partie couleur, tout part de l’émotion, du ressenti. Une lumière, un paysage, une musique, un rire, un poème : tout cela s’accumule quelque part dans mon esprit, c’est la réserve d’inspiration. Elle est là, et elle s’active inconsciemment quand je prends mes pinceaux. C’est la partie que je préfère, c’est très méditatif.
En tant qu'artisane, comment navigues-tu entre les demandes spécifiques des clients et ta vision artistique personnelle ?
Savez-vous que nous ne voyons pas tous les couleurs de la même façon ? Quand j’ai des demandes sur mesure, j’échange avec mes clients pour obtenir un maximum de détails non pas uniquement sur les couleurs en elles-mêmes, mais sur une atmosphère, sur une ambiance, les matières de la pièce à laquelle est destinée ma création, la personne qui la recevra si il s’agit d’un cadeau, pour que je puisse m’approprier tous ces éléments et imaginer ce qui correspondra à la demande initiale.
Ma création est intemporelle et échappe aux tendances. Cela ne m’est jamais arrivé mais si on me demandait de faire à la façon de X ou Y, ça ne pourrait pas marcher entre nous. Je ne renoncerais pas à mon identité pour une vente !
Enfin, aurais-tu un prochain projet à nous partager?
En ce qui concerne mon travail d’artiste, je serai à Berlin en avril pour exposer mes peintures à Affordable Art Fair, foire d’art contemporain. Je n’y avais encore jamais été invitée, et cette date me rend très heureuse.
Quant à l’actualité pour Quartalo, après Marseille, Aix-en-Provence, Toulon et Arles qui sont déjà en vente, j’ai une liste longue comme le bras de nouveaux plans de villes à dessiner … Le temps me manque beaucoup en ce moment, mais j’ai en cours quelques idées de produits que j’aimerais beaucoup développer dans un futur pas trop lointain !
Merci Isabelle de m’avoir invitée à répondre à votre questionnaire.
Merci à toi Mathilde d'avoir pris le temps d'y répondre! Retrouvez le site ainsi que son compte instagram pour suivre son actualité
