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Clara est une designer et artiste inspirée par le quotidien, les couleurs et la spontanéité. À mi-chemin entre arts appliqués et beaux-arts, son parcours l’a menée de Montpellier à Marseille, où elle a exploré le monde du textile et de la mode avant de se consacrer à l’art visuel. Son travail se distingue par des collages et des papiers découpés aux formes et aux couleurs joyeuses. En quête d’écoresponsabilité, elle privilégie des matériaux naturels et minimise le gaspillage dans ses créations. Récemment, elle a relevé le défi d’une installation monumentale en galerie, exprimant sa créativité à grande échelle. Clara prépare aujourd'hui une ligne d'objets en sérigraphie, destinés à apporter son univers artistique dans le quotidien
Peux-tu partager avec nous l'histoire qui se cache derrière la naissance de ton métier designer textile et de Clara Guilbert?
Alors, pour clarifier un point, je ne suis pas à proprement parler « artisane », je suis designer/artiste et en effet je réalise mes objets pour mes expositions ou mes commandes, mais je n’ai aucune formation d’artisan. J’ai commencé mon parcours au lycée en faisant un bac STD2A près de Montpellier (Sciences technologiques du design et des Arts Appliqués), ensuite j’ai fait un BTS textile, mode et environnement à Marseille, c’est ce qui m’a amenée dans la région. Après cela, je ne voulais plus m’enfermer dans une formation scolaire, j’avais envie d’autonomie et de dessiner davantage. J’ai donc commencé un parcours aux Beaux-Arts de Marseille en art, j’ai obtenu mon DNA, j’ai continué dans la même école en section design jusqu’à mon DNSEP que j’ai obtenu en juin dernier.
Peux-tu partager une anecdote inspirante ou un moment clé qui a profondément influencé ton approche créative ou ton parcours en général ?
Assez instinctivement, je pense à mes stages ou mes expériences pendant la fashion week (Les Crafties, Sarah Espeute, Marine Serre,...) durant lesquelles on apprend à être autonome, tout en suivant une direction artistique et évidemment quelques consignes. Je pense que toutes ces petites ou grandes expériences professionnelles m’ont permis d’être (sans prétention) assez efficace aujourd’hui.
Quels éléments ou valeurs caractérisent le plus ton travail en tant qu'artisane, et comment ceux-ci se reflètent-ils dans tes créations ?
Les papiers découpés, le collage, la spontanéité, le geste sont, je pense, ce qu’on retrouve le plus. Aujourd’hui, mon travail est devenu assez coloré, après une période en noir et blanc. Je pense qu’il est assez joyeux aussi, léger. J’y représente souvent le quotidien, la maison, c’est ce qui m’intéresse le plus.
Comment intègres-tu la dimension écoresponsable dans ton travail, que ce soit dans le choix des matériaux, les méthodes de fabrication, ou d'autres aspects de ton processus créatif ?
Le design textile est responsable d’énormément de pollution et de surconsommation. À mon échelle et avec mes moyens, lors de projets, je n’utilise jamais de polyester, par exemple. Je veux uniquement des fibres naturelles. Je n’arrive pas encore à travailler avec des teintures naturelles, donc souvent j’achète de la toile de coton déjà teinte. Ce n’est pas encore parfait, mais j’espère un jour. J’ai fait quelques projets avec des chutes de papier ou alors avec du papier fait maison, mais ce n’est pas l’idéal pour tous les projets. Lorsque je fais des collages, je ne jette presque aucun bout de papier pour les réutiliser plus tard.
Parle-nous d'une réalisation qui t'a particulièrement marqué(e) dans ta carrière d'artisane. Qu'est-ce qui la rend spéciale, et quelles difficultés as-tu surmontées pour la mener à bien ?
J’ai récemment imaginé une exposition à la galerie Solarium (qui était visible du 26 septembre au 3 octobre 2024), toute l’exposition était un challenge, mais surtout le mur de l’arche, car c’était la première fois que je faisais cela. Il s’agit d’un décor à même le mur en papiers découpés. J’avais comme image Matisse dans son atelier qui découpait des grandes feuilles pour les punaiser au mur. J’avais donc un dessin dans mon carnet aux mêmes proportions, il m’a permis de calculer le nombre de feuilles nécessaires, etc. Arrivée sur place, j’ai donc punaisé sur tout le mur des dizaines de feuilles pour le transformer de blanc à vert, et ensuite c’était comme un jeu, où je découpais dans de grandes feuilles des formes de fleurs, d’insectes, etc., pour les coller sur le mur. Ce jeu était assez instinctif, car même si j’avais un croquis, je ne m’en tenais pas exactement à cela. C’était très amusant de faire un décor comme ça à même le mur à échelle humaine. Tout prenait de grandes proportions, les fleurs faisaient un mètre, etc.
En quoi consiste le processus créatif type pour toi, de l'idée initiale à la réalisation finale d'une pièce ou d'un projet ?
Souvent, je commence avec un thème, je liste dans un carnet (par projet) toutes les références et les idées qui me viennent, je fais quelques recherches sur internet, dans les livres, je vais dans des archives, etc., pour avoir beaucoup d’images mentales. Je fais de l’art visuel, c’est donc essentiel. Ensuite, je dessine beaucoup, beaucoup de papiers découpés, je commence à créer une gamme colorée. J’ai un parcours à l’origine d’arts appliqués et cela se ressent dans ma manière de concevoir un projet, car c’est assez structuré. Je fais très peu (à défaut peut-être ?) d’exploration de matière, d’expérimentations, je n’aime pas m’approprier un travail qui n’est pas le mien (comme travailler le bois ou autre), je vais plutôt aller voir un menuisier pour qu’il le réalise. Après cette phase de recherches, je vais souvent dans un atelier de sérigraphie, ou alors je couds dans mon atelier, je fais beaucoup de listes pour être organisée, savoir ce que je dois acheter, etc. Malgré le fait que je sois assez organisée, je laisse beaucoup de place à la spontanéité et à l’imperfection aussi. Je fais rarement des choses très précises.
Enfin, aurais-tu un prochain projet à nous partager ?
Tout est encore en discussion, mais je vais sûrement animer un workshop d’une semaine en Albanie sur la sérigraphie et la création de motifs pour créer une série d’objet avec des étudiants. Mon exposition à Solarium vient de se terminer, et j’ai envie de travailler sur une gamme d’objets en papier et en textile imprimés en sérigraphie (linge de cuisine, de lit, rideaux, boîtes, papiers peints…). Je suis en train de développer ma marque pour pouvoir enfin destiner mes dessins à un usage quotidien et travailler la production en série.
Retrouvez Clara sur son compte instagram : @claraguilbert pour suivre son actualité.
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